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Multimedia - Les myhtes, les chances, les défis

Sommaire français de: Ulrich Riehm und Bernd Wingert: Multimedia - Mythen, Chancen und Herausforderungen. Mannheim: Bollmann 1995, p. 1-7 (Traduction: Ursula Röser; Forschungszentrum Karlsruhe)


Tout le monde parle et écrit sur le "multimédia". Mais est-ce que cela existe déjà? A cette question, on peut répondre par l'affirmative, mais dans un sens qui surprendra à première vue. Le "multimédia" existe dans la mesure où l'on en parle, donc en tant qu'objet communicatif. Il s'agit de visions, de projets, de conceptions et d'idées d'application. Pour la plupart des lectrices et lecteurs, le multimédia en tant qu'objet purement discursif n'est pas facile à saisir. Disposer d'expériences concrètes serait souhaitable pour s'en faire une image adéquate. Or cette possibilité ne concerne qu'un nombre limité de personnes, comme on le constate à travers les projets pilotes en cours. Le grand public est donc encore exclu, bien qu'il ait à sa disposition une palette de produits CD-ROM des plus variés, qui s'efforcent de lui ouvrir les portes du multim édia. Pour cela, on peut envisager des lexiques, des productions artistiques, des livres de culture générale ou bien des livres d'enfants dans lesquels les personnages s'expriment dans de petites séquences. Ainsi, l'étude des langues p.ex. s'en trouve approfondie. Peut-être que certains lecteurs ont déjà fait leurs premières expériences avec des vidéos desktop, avec la télé-coopération ou des utilisations de l'Internet. Mais il est troublant de voir que le terme de "multimédia" renvoie à toutes ces applications hétérogènes.

La tentative de mettre un peu d'ordre dans tout cela est entreprise au chapitre 1 . En termes techniques, le multimédia se définit à travers la combinaison de médias. Des médias discrets (p.ex. texte) et continus (p.ex. film) s'agencent et peuvent être utilisés en mode interactif. Pour cette "intégration des médias" et pour l'élément d'"interaction", l'ordinateur est indispensable. En première approximation, on pourrait donc dire que le multimédia se compose de l'"ordinateur", des "médias" et de l"interaction". Dans les différents champs d'application, ce trio fait naîitre des forces de développement qui confèrent une forme nouvelle aux applications connues jusqu'à présent. Ainsi, le côté interactif est aujourd'hui connu dans beaucoup d'applications d'ordinateur. Mais la possibilité qui existe maintenant de présenter un texte comme quelque chose d'écrit destiné ; à être lu et comme discours destiné à être écouté, de présenter et des images fixes et des images en mouvement, voire d'intégrer de vrais films et de mettre à disposition ces offres dynamiques rien que "sur déclic", est relativement récente. Observons maintenant un autre domaine d'application: le cinéma et la télévision sont des formes de multimédia depuis longtemps déjà, mais la possibilité d'interaction fait encore largement défaut. Si le trio sus-mentionné se réunit là aussi, il serait possible que le média de masse et de distribution d'antan se transforme en un média d'information individualisable. La télécommunication, largement limitée au téléphone et au télécopieur pour l'usager normal, pourrait se développer en une télé-coopération assist&eacu te;e par le multimédia permettant p.ex. à des employés compétents de travailler en commun et d'une manière synchrone sur un même document à partir d'endroits différents. Ces formes sont déjà en cours d'essai.

Dans cet ordre d'idées, le chapitre 1 est consacré à des conceptions et des caractéristiques fondamentales et souligne l'importante différence entre des applications locales et connectées; il donne un aperu des différents types de réseaux liés au câble (réseau de téléphone, à large bande, des données) et des réseaux sans câble (p.ex. par satellite); il analyse des alternatives d'infrastructure et informe sur les acteurs, les pronostics et les marchés. En particulier, dans le paragraphe consacré aux réseaux, la confrontation avec des vitesses de transfert de données, des largeurs de bandes, des durées de réenregistrement et d'autres chiffres ne peut pas être totalement épargnée aux lecteurs.

Ce premier examen montre que l'enjeu du multimédia n'est pas seulement technique (numérisation, standards de compression, compte-rendus de réseau etc.); au niveau économique, il s'agit de nouveaux rapports de concurrence et de coopération, alors qu'au niveau du temps il s'agit d'une dynamisation considérable, et au niveau social de l'abandon de certaines "institutions" établies. Le téléphone sert d'exemple aux explications.

Les six chapitres suivants (2 à 7) répondent à deux types assez différents de questions. Dans le premier groupe (chap. 2 à 4), on évoque l'état actuel du multimédia dans trois grands domaines d'application: dans les domaines économique, privé et public. Dans le groupe des trois chapitres suivants (chap. 5 à 7), nous nous occupons de questions spéciales: les études à l'aide du multimédia et l'état des connaissances sur l'efficacité de ces études; la question d'un langage propre des médias et l'apparition de formes de réception; et enfin les possibilités techniques qui se développent avec DAB (Digital Audio Broadcasting) et d'autres formes de radiodiffusion numérique. Au chapitre 8, nous tirons des conclusions et faisons des propositions pour des études plus poussées.

Retracer l'état actuel des applications et des résultats acquis jusqu'à présent n'a pas été le seul but des chapitres 2, 3 et 4. Nous avons estimé qu'il convenait de donner à chaque domaine d'application une note spécifique. Pour le secteur économique (chap. 2), on insistera sur l'efficacité et la rationalisation de processus commerciaux et non pas sur les produits et services que l'industrie offre déjà. En ce qui concerne le secteur privé (chap. 3) qui à l'avenir pourrait de plus en plus devenir poste de travail ("télétravail"), l'accent est mis sur le développement de nouvelles formes de médias, entre autre de la télévision appelée "interactive". Quant au secteur public (chap. 4), il s'agit des relations entre le citoyen et l'Etat, donc pas en premier lieu du "re-engineering business", la réorganisation de processu s commerciaux qui est aussi discutée dans ce contexte.

Le chapitre 2 est consacré au premier des trois grands domaines d'application, le secteur économique. Dans le cadre de l'étude préliminaire, nous nous sommes intéressés au secteur économique non pas comme fournisseur de produits ou comme prestataire de services, mais comme utilisateur du multimédia. En voilà la perspective attrayante:Quels sont les fonctions, les secteurs, les applications détaillées pour lesquels on dispose d'expçriences, quels sont ceux ou celles d'entre eux/elles où une application est "payante"? Trois exemples de cas concrets (une entreprise pharmaceutique, une entreprise de télécommunication et un groupe de grands magasins) ont été choisis dans l'expertise établie pour ce secteur. On peut montrer la diversité des attentes, des expériences acquises jusqu'à présent (p.ex. avec des conférences vidéo organisées dans d es studios, à l'aide de vidéos "desktop" sur la base du RNIS) ainsi que des stratégies informatiques dans leur ensemble. Il est certain que l'on ne peut pas parler d'une utilisation généralisée. De plus, on peut distinguer des différences sensibles entre les secteurs économiques. Le secteur des banques et des assurances, la vente par correspondance, l'industrie publicitaire, l'édition et le secteur touristique apparaîissent comme des secteurs offrant des conditions favorables à des applications multimédia. Pour une entreprise déterminée, les domaines d'application raisonnables du multimédia sont limités, ce qui se comprend facilement lorsqu'on pense aux processus d'information et de communication hautement formalisés (p.ex. l'échange de données de commande). Pour l'exécution de ces commandes, on n'a pas besoin de support multimédia. Sur d'autres champs (p rocessus de concertation, télé-coopération pour certaines opérations de travail) qui sont plus ouverts, peu formalisés mais formalisables, le multimédia est mieux approprié. Mais le multimédia n'est pas une force motrice autonome; les applications n'évolueront qu'au cours d'un processus évolutionnaire de plus longue haleine.

Le chapitre 3 étudie le domaine d'application privé qui est au centre d'intérêt des discussions publiques, avec comme image-guide la télévision "interactive", quoi que celle-ci soit en pratique (indépendamment de sa forme de réalisation pratique). Cet intérêt public peut être compréhensible, p.ex. en raison des exigences techniques sévères à remplir dans le domaine des serveurs, ou du fait du marché de masse qui pourrait en résulter. Mais le développement réel ne justifie aucunement cet énorme intérêt. Aujourd'hui, les experts du monde entier conviennent largement de ce que l'euphorie qui régnait encore il y a deux ou trois ans tant aux Etats-Unis comme en Europe, n'avait pas de fondement. Il est plus réaliste de penser que l'introduction de la télévision interactive se fera plutôt dans le moyen terme ou dans le long terme (do nc plutôt après l'an 2005 qu'avant), que les questions relatives aux besoins et à l'acceptation par les utilisateurs sont encore largement en suspens et que finalement les conditions sociales générales de ce genre d'avenir médiatique devraient encore être créées (à condition que cet avenir soit souhaité). Lorsqu'on regarde de plus près, le multimédia dans le secteur privé apparaîit pourtant comme une espèce de code qui cache des intérêts et des développements tout à fait différents, p.ex. un marché de télécommunication largement libéralisé, en train de prendre des formes nouvelles, ou bien la participation au commerce téléphonique profitable et toujours en expansion..

Le chapitre 4 traite du secteur public, en mettant l'accent sur les relations du citoyen et de l'Etat et sur l'aspect d'innovation. C'est surtout la question de savoir comment aboutir à des applications innovatives du multimédia dans l'administration publique qui a fait l'objet du stage organisé par ibek (Karlsruhe) et TAB et qui complète l'expertise disponible pour le secteur public. En ce qui concerne le résultat d'ensemble, le stage a révélé - et mis en évidence par des expériences faites dans l'administration - que le multimédia en tant que technique n'est pas capable à lui seul de donner des impulsions à ces innovations, mais qu'il faut des approches de réformes plus vastes et un "management du changement".

Pour l'espace public, la gestion des prestations et la participation politique sont évoquées en détail, alors que d'autres domaines d'application (médecine, planification) ne sont que rapidement survolés et d'autres (comme p.ex. l'administration exerçant ses prérogatives de puissance publique, les transports, l'environnement) sont entièrement laissés à l'écart. Le chapitre 4 trace les développements qui ont eu lieu en Allemagne et aux USA, décrit la situation actuelle et s'occupe en détail de la NII, la National Information Infrastructure du gouvernement Clinton/Gore. Malgré tout le scepticisme que l'on peut avoir quant à la réalisation de cette vision, on montre que cette initiative peut reposer sur de larges fondements comprenant également des groupes de base. Le chapitre conclut sur deux scénarios; le premier trace une image de l'avenir dans l'hypothèse que les fo rces du marché décideront largement du développement ultérieur ("laissez-faire"), le deuxième part de l'hypothèse que l'introduction active d'applications multimédia dans le secteur public sera utilisée pour "revitaliser" les prestations publiques.

Le chapitre 5 est consacré aux études à l'aide du multimédia et examine spécialement la question de savoir ce que sont les connaissances empiriquement confirmées sur"l'efficacité des études" poursuivies à l'aide d'offres multimédia. Dans une première partie, on récapitule l'historique des développements et l'on décrit le large spectre de ces offres. Ces formes d'applications variées vont du CBT (computer based training) aux systèmes d'enseignement adaptifs , jusqu'à l'hypertexte et l'hypermédia ainsi que la télé-formation. Contrairement à toute logique intuitive qui dit que "plus il y a des médias, plus on profite", il faut insister sur le fait que les études par multimédia ne sont efficaces que dans des conditions bien déterminées qui ne se précisent que progressivement. L'utilisation seule du média ne suffit pas; l'adaptation méthodologique et didactique ainsi que la bonne intégration dans le contexte des études ont une importance primordiale. Une deuxième partie examine des résultats et des modèles relatifs à des aspects centraux de l'efficacité des études, par exemple sur le rapport entre le texte et l'image, l'effet de médias dynamiques ou l'effet d'interaction. Le chapitre 5 met l'accent plutôt sur la formation professionnelle et continue, les études scolaires n'étan t mentionnées qu'en marge. C'est pourquoi, dans les conclusions, on signale les changements graves qui sont déjà intervenus dans la formation professionnelle. Ces changements continueront à se produire. Des estimations du marché et des expériences pratiques montrent que dans le domaine de la formation professionnelle et continue, on utilisera de plus en plus des systèmes d'enseignement appuyés sur le multimédia qui devraient cependant être accompagnés plus intensément que dans le passé d'une recherche d'évaluation empirique.

Le chapitre 6 traite d'une question qui à première vue paraîitra marginale, voire insignifiante: Les produits et les applications du multimédia vont-ils conduire au développement d'un "langage médiatique" propre? Car il ne faut pas seulement que les médias statiques et dynamiques aillent bien ensemble; ils doivent aussi s'adapter aux tâches respectives, aux formes de réception et aux connaissances préalables, aux préférences et expériences de socialisation des utilisateurs. Et les médias qui doivent alors s'agencer (texte, image, son etc.) doivent être interactifs, accessible à l'utilisateur, être représentés sur l'écran, lisibles et pas seulement multicolores et bruyants. Sans la formation d'un langage médiatique approprié et de formes de réception du côté des spectateurs, auditeurs, étudiants et utilisateurs, le multimédia n e s'imposera pas. Ces questions n'ont guère été étudiées jusqu'à présent, bien que les premières expériences pratiques et conseils existent déjà. Si dans ce chapitre 6, on n'a pas pu partir de résultats obtenus dans la recherche médiatique sur le film et la télévision, il a en outre fallu entreprendre la tentative de s'avancer vers un terrain encore non assuré. En partant de ces conditions, on résume les tâches et les défis de la typographie sur écran et l'on cite quelques exemples d'art interactif.

Les amis de la radio parmi les lecteurs sont peut-être encore en possession d'un récepteur en ordre de marche des années '30 ou '40. Avec celui-ci, on peut toujours écouter la radio, bien que ce ne soit pas la qualité habituelle d'aujourd'hui, et bien que le nombre de stations soit très limité. Mais la constance de ce média de masse répandu dans le monde entier est étonnante et passe presque inaperçu, puisqu'on y est habitué. Avec la numérisation qui a démarré dans ce domaine aussi, cette époque approche de sa fin. La radio est intégrée dans le multimédia - pour cette raison, elle a été prise en compte dans l'étude préalable. Mais personne n'ose dire quelle sera l'image de cet avenir, si ces nouvelles formes se maintiendront et pour combien de temps. Ces questions sont discutées au chapitre 7.

Avec la radio numérisée (sous des formes très variées), on peut maintenant intégrer des services de données et les offrir à des fins d'interrogation individuelle, ce qui n'était pas possible jusqu'à présent dans ce média. Le chapitre 7 traite du DAB (Digital Audio Broadcasting), déjà adopté comme norme européenne de radiodiffusion, et d'autres formes numériques, entre autres assistées par satellites. En Allemagne, il est prévu de faire démarrer DAB en 1995 avec des projets pilotes. Certaines options et questions se posent quant à l'introduction du DAB. Parmi ces questions en suspens, on trouve le problème des rapports avec la radio FM (le DAB remplacera-t-il la FM?) ou bien les questions juridiques se posant aussi dans ce contexte (quel système de licences pour des services de données pouvant être offerts avec le DAB?). Car il serait aussi concevable d'utiliser le DAB exclusivement pour le transmission de données ou même pour des programmes de télévision. A ce moment, la télévision serait possible à travers la radio! Cet exemple montre clairement que l'ouverture qui caractérise l'avenir num&e acute;rique n'est pas seulement une chance, mais peut aussi entraîiner des problèmes.

Dans le chapitre 8 final, nous présentons d'abord quelques résultats sur les reportages sur le multimédia dans les médias, selon lesquels la discussion publique est plutôt axée sur la télévision et orientée vers des thèmes économiques et qu'elle ne vise pas encore des projets d'avenir alternatifs. Le multimédia n'est pas seulement un exploit technique ou la télévision de l'avenir, mais aussi un champs politique. Nous expliquons quelques alternatives de principe qui devraient être tranchées au niveau politique, comme p.ex. la question de savoir si le développement ultérieur devra être réglé par le marché ou si l'Etat porte (ou devrait prendre) une responsabilité spécifique de la nouvelle infrastructure. Le multimédia comme champ d'action politique comporte plusieurs niveaux, celui des visions et des objectifs, celui des mesures et des programmes (p.ex. l es projets pilotes), celui des initiatives réglementaires et un quatrième niveau qui est celui des procédures permettant d'aboutir à des dispositions sur le contenu et le droit applicable en matière de médias.

Le chapitre 8 conclut sur des propositions qui étaient initialement prévues pour une phase d'analyse consécutive, mais qui n'ont plus d'intérêt depuis l'annonce de la création de la commission d'enquête. Mais leur importance en tant que thèmes persistera:


Rappel
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Dernière mise à jour: 18-08-98 - Pour vos commentaires ulrich.riehm@kit.edu